Plus qu’une simple déprime passagère, la dépression plonge l’enfant dans une véritable détresse quotidienne nécessitant une prise en charge psychothérapeutique adaptée.
D’autres facteurs jouent le rôle de déclencheurs : un conflit familial, la perte d’un proche ou d’autres évènements de vie, une maladie aigue… Toutefois dans certains cas, la dépression peut survenir sans élément de stress externe évident, ou suite à un évènement en apparence mineur.
Enfin certains facteurs perpétuent une dépression déjà installée : pauvreté des relations sociales, persistance de conflits intra-familiaux, ou même l’impact de précédents épisodes de dépression.
Toutefois, il existe également des facteurs protecteurs qui peuvent protéger contre la dépression ou contre les récidives : les ressources personnelles de l’enfant (comme avoir un bon niveau cognitif, un bon sens de l’humour, ou de bonnes capacités d’adaptation), la qualité des relations familiales et de son réseau amical et social.
Quels sont les risques d’une dépression pour un enfant ?
Un épisode dépressif chez l’enfant peut se répéter à l’adolescence ou à l’âge adulte. Il est donc important de prendre ce dernier en charge dès le plus jeune âge afin d’éviter que cet état ne se reproduise ou ne persiste dans le futur. La dépression chez l’enfant influe sur son raisonnement ainsi que sur son humeur et son comportement. Chez certains enfants, elle peut occasionner des symptômes physiques en plus de signes psychiques. L’adolescent dépressif à contrario du jeune enfant, à plus de risque de se faire du mal physiquement en s’infligeant des mutilations et/ou un passage à l’acte en envisageant le suicide afin de mettre fin à ses souffrances.
Quand faut-il s’en inquiéter ?
Si votre enfant ou adolescent présente des symptômes de dépression infantile, soyez à l’écoute de ses ressentis afin qu’il ne sombre pas davantage dans son mal-être. Ouvrez le débat s’il est enclin à la discussion et prouvez-lui qu’il peut se confier sans crainte. Soyez empathique et veillez à son hygiène de vie, notamment sur la prise des repas et la qualité de son sommeil.
Vous pouvez également lui proposer des exercices de relaxation pour apaiser ses maux. Si les symptômes perdurent n’attendez pas et trouvez de l’aide auprès d’un professionnel de la santé mentale. Un pédopsychiatre, un médecin généraliste ou psychologue pourrait lui venir en aide en lui apportant les clés qui lui seront nécessaires pour sortir de cet état.
Tous les enfants peuvent vivre de la tristesse passagère, même intense, ainsi que de l’irritabilité. Toutefois, il arrive que ces émotions ne correspondent pas à ce qui est habituellement observé chez les enfants du même âge. On peut parler de dépression lorsque l’enfant vit des épisodes de tristesse intense et qui s’étirent dans le temps. Seul un professionnel de la santé peut poser un diagnostic de dépression.
Quand consulter ?
Si vous constatez que les signes de dépression de votre enfant durent pendant plus de deux semaines, n’hésitez pas à consulter un professionnel de la santé. Par ailleurs, si vous n’êtes pas certain de ce qui arrive à votre enfant et que vous vous inquiétez pour lui, n’hésitez pas à suivre votre intuition et à consulter aussi. Il vaut mieux consulter « par sécurité » que de ne pas aider votre enfant. Plus votre enfant sera pris en charge rapidement, meilleures seront ses chances de s’en remettre complètement et d’éviter des rechutes plus tard dans sa vie.
Comment accompagner votre enfant souffrant de dépression ?
Une majorité des enfants seront vus par leurs médecins généralistes, pédiatres et autres intervenants de première ligne qui pourront prendre en charge les épisodes dépressifs d’intensité légère à modérée.
Ils vous orienteront vers un spécialiste en cas d’épisode dépressif d’intensité modérée à sévère (perte d’intérêt importante, réduction majeure de la prise alimentaire ou de l’hydratation, ralentissement ou fatigue marqués, idées suicidaires), d’éléments cliniques jugés atypiques, ou d’absence de réponse ou de mauvaise réponse au traitement initié.
Dans certains de ces cas, le pédopsychiatre pourra poser une indication d’hospitalisation pour une surveillance plus rapprochée du risque suicidaire, permettre la réhydratation ou la renutrition, ou pour mener des explorations diagnostiques et des adaptations du traitement.
Les objectifs de la prise en charge de la dépression sont :
- La rémission complète des symptômes et le retour de votre enfant à son niveau antérieur de fonctionnement psychique
- Le développement chez votre enfant d’une résilience au stress et aux adversités futures, pour réduire le risque de récidive de la dépression
Pour ce faire il est tout d’abord important de mettre en place certaines mesures d’hygiène de vie :
- L’aider à adopter une alimentation saine
- Lui assurer une bonne hygiène de sommeil
- Maintenir chez lui un niveau d’exercice physique régulier
- Contrôler son exposition aux écrans
D’autre part, certaines familles en situation précaire doivent pouvoir bénéficier d’aides sociales et d’accompagnement pour accéder à certains besoins de base comme le logement ou emploi, dont l’absence participe souvent à la dépression de leurs enfants.
Finalement, des interventions spécifiques à la dépression doivent être proposées, en fonction de la sévérité de cette dernière, estimée par le professionnel qui aura évalué votre enfant.
La psychothérapie pour l’enfant
La psychothérapie peut être effectuée en famille, dès l’âge de 3 ans, avec des approches adaptées aux tout-petits : thérapie par le jeu, par le dessin, etc. Un enfant un peu plus âgé peut également commencer une psychothérapie individuelle.
- Pour les dépressions légères : une psychothérapie de soutien, écoute et reconnaissance de la souffrance de l’enfant, éducation autour des troubles, allègement des tensions familiales et des facteurs de stress, est souvent adaptée.
- Pour les dépressions modérées : une psychothérapie ciblée, de type cognitivo-comportementale (TCC). Cette psychothérapie est considérée comme le traitement de première ligne des dépressions de l’enfant, avec le meilleur niveau de preuve entre les psychothérapies. Elle vise à identifier les schémas de pensée négatifs qui contribuent à la dépression et à les remplacer par des schémas alternatifs plus positifs.
- Pour les dépressions sévères : la psychothérapie reste de mise, mais un traitement médicamenteux spécifique, type antidépresseur, peut-être ajouté. La mise en place d’un traitement médicamenteux, dans les cas dont la sévérité le requiert, est recommandée, mais impose qu’une information claire soit donnée aux parents, et qu’une surveillance rapprochée soit assurée. Ce traitement permettra de baisser le niveau d’anxiété de votre enfant, de le protéger d’une potentielle augmentation des idées suicidaires et de régulariser son sommeil.
Où consulter?
Si votre enfant manifeste des signes de dépression, vous pouvez vous adresser à :
- un médecin de famille ou un pédiatre
- une infirmière, un psychologue scolaire
- un psychologue-psychothérapeute pratiquant en libéral
Phare Enfants-Parents
Phare Enfants-Parents est une association qui a pour objectif de prévenir le mal-être et le suicide des jeunes. Elle propose un espace d’accueil et d’écoute (gratuit) pour les parents et les enfants en souffrance. Cette association apporte également un soutien aux parents endeuillés par suicide.
Numéro d’appel : 01 43 46 00 62 (du lundi au vendredi 10h-17h)
Mail : cavaoupas@phare.org
Site internet : http://www.phare.org/
Besoin de parler ou d’une écoute attentive
-Fil santé jeunes
Répond à vos questions, tous les jours, de 9h à 23h. 0 800 235 236, un numéro d'appel anonyme et gratuit.
On peut aussi contacter le fil santé par tchat sur leur site web : https://www.filsantejeunes.com/
-Nightline
De 21h à 2h30, c’est un service d'écoute, de soutien et d'information par des étudiants bénévoles, confidentiel, gratuit, sans jugement. https://www.nightline.fr/
-Croix-Rouge Écoute
Appel anonyme et confidentiel par des bénévoles formés au soutien psychologique par téléphone
0 800 858 858