Notre degré de confiance personnelle explique la plupart de nos comportements, de nos émotions ou de nos peurs et se trouve être à la source de nos pensées, de nos ressentis et conditionne nos actions. De ce fait, les failles identitaires peuvent troubler nos relations sociales et personnelles. L’estime de soi nous insuffle la force d’affronter de nombreux obstacles, elle peut cependant nous empêcher d’agir et être un frein à nos aspirations profondes.
Certaines personnes possédant une faible estime d’elles-mêmes ne cessent de vouloir améliorer ou perfectionner un aspect ou l’autre de leur vie, leur apparence ou voire même leur psychisme. D’autres peuvent se retrouver résignées à leur image altérée d’elles-mêmes. Ainsi, il y a péril en la demeure lorsque l’on juge « le soi » sévèrement et cruellement. Leur regard impitoyable ne s’arrête pas à leur image ou à leurs réalisations. Leur dépréciation s’étend à la relation aux autres.
Bonne nouvelle : ce regard sur soi-même a le pouvoir d’évoluer sous l’impulsion d’une estime de soi renforcée.
Un jugement personnel sur soi
Le verbe estimer vient du latin qui signifie « apprécier la valeur ». Ainsi, l’estime de soi est à la fois la perception que l’on a de soi, qui suis-je « moi » avec mes caractéristiques personnelles et la manière dont on juge cette vision de soi, qu’est-ce que je « vaux » ?
Il existe par conséquent un écart entre ce que je suis et ce que je désire montrer aux autres. Il existe également un décalage entre ce que je voudrais être et ce que l’on perçoit de moi, alors comment s’y retrouver ?
La conviction intime de sa valeur
L’estime personnelle est le fruit d’un long apprentissage qui a débuté dès l’enfance. L’image de soi est fortement façonnée par l’entourage proche dès les premières années de la vie. Cette enveloppe protectrice que sont l’amour prodigué et l’environnement nourricier a un impact dans le développement de l’estime de soi.
Quel que soit le rôle crucial que jouent les proches dans la construction de l’estime de soi, celle-ci ne demeure pas figée dans le socle de l’enfance. En perpétuelle construction, il est possible de l’améliorer, de la développer et de la renforcer.
Ainsi, il est indispensable pour avancer dans la vie de prendre des risques et croire en ses ressources, être capable de s’estimer malgré les erreurs de parcours, qui en fin de compte, ne sont pas des erreurs mais bel et bien des expériences dont il est judicieux de tirer profit. Une bonne estime de soi ne met pas à l’abri des difficultés de la vie, celles-ci, en l’occurrence, n’altèrent pas le sentiment intime de notre valeur personnelle.
L’estime de soi se forge dans l’action.
Les sept piliers de l’estime de soi
Quelle place accorder à l’estime de soi une fois adulte ?
Comme une qualité ou une vertu suprême, l’estime de soi est parfois présentée comme la clé de voûte ouvrant toutes les portes. Son véritable pouvoir réside ailleurs. Il ne se mesure pas aux résultats mais il se trouve dans la conscience que nous avons de nous-mêmes, dans la conviction de notre force intérieure et non dans la démonstration de celle-ci.
D’ailleurs il n’existe pas une mais des estimes de soi constituées de plusieurs dimensions. Chaque pilier a son importante pour un sentiment d’unité global de l’estime de soi.
1. Le pilier affectif de l’estime de soi
Un manque d’estime de soi inquiétant peut pousser à rechercher toujours et partout des nourritures affectives dans ses relations aux autres. Ainsi notre vie amoureuse et nos relations affectives offrent souvent un miroir déformant de notre estime de soi. Travailler uniquement à satisfaire les attentes d’un autre détourne la personne de ses propres besoins. Si l’estime de soi se fonde sur le pilier de l’affection, elle s’effondre dans la dépendance affective lorsque se sentir exister n’est possible que par et à travers l’amour de l’être aimé.
Avec l’angoisse de ce vide persiste la dépendance affective et la tendance à satisfaire les désirs de l’autre en étouffant les siens. Souffrir d’insécurité affective ou le besoin d’être rassuré en permanence est un autre signal révélateur, qui peut aller jusqu’au sacrifice de ses intérêts, de ses convictions et de ses ambitions.
Conquérir la liberté de s’aimer car le manque d’amour de soi maintient l’estime de soi dans la dépendance. Pour rehausser l’estime de soi, soyez attentif à vous aimer en premier lieu inconditionnellement. Un premier pas consiste à prendre conscience de ses insécurités affectives pour se renforcer en dehors de toute dépendance. Accordez-vous le droit d’exister et de vous affirmer en dehors de vos relations affectives. Ce processus de différenciation vous conduisant à l’individuation permet à votre personnalité singulière de s’épanouir.
« Si tu cherches encore cette personne qui changera ta vie, regarde-toi dans le miroir ».
2. Le pilier de la reconnaissance
Depuis les débuts de la vie, se sentir reconnu par l’autre, c’est ressentir la confirmation de sa propre existence. Chacun de nous a besoin de se sentir reconnu pour ce qu’il est, ce qu’il fait ou ce qu’il donne. Cependant un dévouement excessif peut nous entraîner dans sa chute.
La quête éperdue de reconnaissance amène bien souvent à en faire « trop » et toujours plus pour l’autre, jusqu’à la fâcheuse tendance à s’effacer et s’oublier soi-même. A ce jeu-là, on peut avoir l’impression de perdre sa propre identité. Le déni de besoin de reconnaissance entretient lui aussi des sentiments lourds de ressentiment. Comment rompre cette sphère infernale ?
Commencer par identifier son besoin de reconnaissance : êtes-vous très sensible aux compliments et à la moindre attention ? Devant une telle soif de reconnaissance, il n’est pas rare que nos interprétations soient erronées et nos perceptions faussées.
Qu’on se le dise : aucune estime de soi ne peut se construire sur un tel dévouement à l’autre et en l’occurrence en un tel éloignement de soi.
« Il n’est jamais trop tard pour être ce que vous désirez être ».
3. Le pilier de l’identité et de l’appartenance
L’estime de soi ne se construit pas seule, elle est tissée dans l’appartenance au groupe. Elle s’est imbriquée au fil des attachements et des liens aux autres. Demandez-vous de quels groupes vous faites partie? Quelles en sont les caractéristiques et en quoi vous identifiez-vous à ces groupes d’appartenance?
Cultiver l’appartenance sociale est une aspiration essentielle de l’humain. Elle lui procure un effet de reconnaissance et constitue un élément de son identité. L’appartenance est le signe d’un lien humain et d’une place parmi les autres.
Ainsi, une expérience de rejet, d’humiliation, ou de trahison peut générer la brisure d’un lien important. Certaines personnes vont se retrancher dans la solitude, dans un comportement d’évitement qui vise à éviter la confrontation aux autres afin d’éviter la répétition d’expériences douloureuses. Il est de bon ton d’améliorer votre estime de soi sociale en faisant le tri dans vos relations toxiques et vampirisantes en vous créant un réseau de qualité.
« Ce qui se trouve devant nous et derrière nous importe peu comparé à ce qui se trouve en nous ».
4. Le pilier matériel de l’estime de soi
La sécurité physique et matérielle est l’un des piliers fondamentaux. L’insécurité fragilise l’estime de soi. La plupart du temps, vivre dans la crainte permanente de manquer d’argent, pour payer ses factures, se nourrir et se loger, tend à miner la confiance à subvenir à ses besoins. Cette situation génère des sentiments d’insécurité, de stress, voire de honte. Ainsi, certains sujets doutent de leurs capacités et ne croient pas en leurs ressources personnelles. Ils peuvent s’inscrire dans la passivité « ne rien faire », la fuite « reculer », l’agressivité au lieu d’avancer et utiliser leur potentiel.
Il est temps de réévaluer ses capacités à leur juste valeur et de ramener les difficultés à leur juste dimension en relativisant. Concentrez-vous sur vos points forts, songez à vos réalisations et avancez.
Pour prendre sa vie en main, il peut être utile de se faire aider et d’être accompagné afin de quitter sa position de repli sur soi et d’envisager un autre angle de perception pour vous aider à poursuivre votre cheminement.
« Trop de gens surestiment ce qu’ils ne sont pas et sous-estiment ce qu’ils sont ».
5. Le piler social de l’estime de soi
Vulnérabilité, souffrance, détresse, sentiment d’inutilité pèsent lourdement. Ce retrait de la vie sociale est parfois vécu comme une perte d’existence sociale. Comment imaginer avoir une estime de soi renforcée si l’on croit que sa vie est inutile ?
Une base essentielle de l’estime de soi est de retrouver un sentiment d’utilité sociale selon le contexte et le parcours à travers les différents âges de la vie au risque de la dépersonnalisation. La personne ne se reconnait plus en tant que personnalité et plus son sentiment d’inutilité devient aigu.
Ainsi se sentir utile, c’est sentir que l’on fait une différence dans un groupe, que notre rôle est considéré et contribue à l’ouvrage collectif, que notre présence est précieuse.
« Si je ne suis pas moi, qui le sera ? ».
6. Le pilier professionnel de l’estime de soi
Le syndrome de l’imposteur porte sur le fait de douter de ses compétences. L’imposteur est par définition une personne qui trompe autrui par de fausses apparences.
D’où vient le fait qu’un professionnel compétent, sans intention de tromper quiconque, en vienne à se considérer comme un imposteur ? Ce syndrome est le complexe de celui qui se juge si sévèrement qu’il ne se sent pas digne de sa réussite. Pour neutraliser ce doute maladif, chercher à le convaincre de sa légitimité passera par des preuves solides plus que par des mots rassurants.
Ainsi, le sentiment de compétence soutient solidement l’estime de soi. C’est un sentiment qui conduit à se sentir capable d’être (savoir-être), de faire (savoir-faire) ou d’apprendre (savoir). Il s’agit d’un sentiment d’efficacité personnelle. C’est l’aptitude à trouver des solutions créatives à un problème et à les appliquer. Il faut donc l’expérimenter.
La compétence réside dans l’expérience et dans la capacité à déployer sa curiosité et sa créativité.
« Pour aimer qui tu es, tu ne dois pas haïr les expériences qui t’ont forgé ».
7. Le pilier de l’accomplissement de soi
In fine, l’accomplissement de soi n’est pas la contemplation. S’accomplir comme sujet suppose de réaliser son projet de vie de manière libre et autonome. C’est un sentiment qui grandit avec une bonne maturité psychologique. Car il faut une bonne dose de maturité pour être capable de s’investir dans des buts significatifs pour soi-même.
Chacun a sa propre façon de se définir et de vouloir vivre sa vie. Prendre le temps de rédiger quelques notes sur votre conception personnelle d’une vie accomplie telle que vous la ressentez est une première étape déterminante.
De ce fait, le sentiment d’une vie accomplie repose davantage sur le désir profond de se réaliser, dans le sens de répondre pleinement à ses aspirations. Quand on répond à ses aspirations, on investit sa vie, on se sent partie prenante de son existence.
Qu’ai-je envie de faire de ma vie ?
Lui donner un sens et une direction. Le fil d’Ariane de ce cheminement est la fidélité à soi-même, l’authenticité de ses choix et de ses décisions, une existence conforme à ses valeurs.
« La plus grande victoire n’est pas celle que l’on remporte sur les autres mais celle que l’on remporte sur soi-même ».