Comment le psychologue clinicien s’engage-t-il auprès des patients en entretiens individuels ? Quelles sont les spécificités de la pratique ? Et du côté du patient ?
Si le mot engagement signifie « prendre en gage », « don de sa parole en caution », lier par un contrat, une promesse, celui qui s’engage librement doit un service. S’engager, c’est prendre position, mettre en jeu sa responsabilité face à celui pour lequel on s’engage.
Il s’agit d’une relation entre deux personnes, d’un échange, comprenant le désir des deux parties, chacune faisant don de quelque chose pour en recevoir une autre. Il entretient un lien social. L’engagement est particulièrement difficile chez les sujets dépendants qui craignent, par exemple, parfois l’abandon. Le psychologue qui s’engage propose une sécurité contenante amenant progressivement à une séparation.
Pour qu'un sujet s'engage en thérapie, avec une dynamique active et de coopération, il est nécessaire qu'il puisse avoir l'intention de prendre soin de lui, de changer de comportement ou de mieux comprendre son fonctionnement intra-psychique.
Souvent les patients ont une demande d'aide, une attente de guérison ou un espoir de retour à un état antérieur qu'ils ont pu vivre comme étant meilleur pour eux.
La notion d'engagement dans la thérapie est également fondamentale pour que la personne entre dans une position active dans le processus de thérapie en vue d'atteindre les objectifs nécessaires à son projet de vie. L'implication active du sujet est donc nécessaire et il faut pour cela pouvoir créer naturellement une alliance thérapeutique.
Une demande
Un sujet peut être porteur d’un symptôme, et ne pas en souffrir et donc ne pas exprimer de demande d'aide ou de changement. Un autre sujet peut être porteur d’un symptôme et en souffrir, mais ne pas pour autant faire une demande d'aide ou de changement. Plus encore que la souffrance c’est le fait qu’elle ne soit plus supportable qui va déclencher une demande de thérapie. La demande faite alors, le plus souvent au professionnel, est un accompagnement thérapeutique unique et singulier à son parcours de vie.
Or une demande n’est pas la simple expression d’un besoin qu’il suffirait alors d’assouvir. La demande exprime déjà un désir. Le plus souvent, cette demande exprime une demande d’amour sur laquelle il convient de réfléchir avant d’agir. Cette demande, en effet, n'attend pas toujours une réponse qui chercherait uniquement à combler un besoin.
Parfois, à trop vouloir répondre à la demande ou à vouloir se presser, il est possible de passer à côté de ce que le patient, sans le savoir exprime, c'est à dire son désir. Et parfois avant de pouvoir aider la personne à formuler une véritable demande d'aide personnelle, il faut plusieurs séances.
La demande est fluctuante, se déplace, se transforme.
Un engagement
Il peut s’agir du sentiment de participer, de choisir, de trouver un sens positif et de s'impliquer tout au long de la réalisation de la thérapie. Pour qu'une personne s'engage dans une thérapie de façon active, il lui faudra une motivation suffisante et généralement, cette motivation vient d'une souffrance, reconnue ou non. Cette souffrance va s'inscrire dans des symptômes, sources de difficultés pour la personne ou pour son entourage. Et pour que cet engagement dans la thérapie puisse se faire, il faut pouvoir créer une alliance thérapeutique.
Une alliance thérapeutique
Ce terme souligne la nécessité d'une relation forte et asymétrique entre patient et thérapeute, avec l'importance d'une compréhension bienveillante et surtout d'un véritable intérêt porté au patient par le thérapeute. C’est la naissance d’une relation d’aide dans laquelle les notions de présence, d'écoute, de non-jugement, de considération positive inconditionnelle et surtout l’empathie, sont devenus des jalons essentiels. Considérer que le sujet a des capacités d'évolution et qu'il va pouvoir les développer.
Tout individu possède le potentiel pour trouver sa propre réponse à ses difficultés en puisant dans ses ressources.
Le terme d'alliance contient aussi en lui-même la notion qu'il faudrait faire alliance contre quelque chose ou quelqu'un, et en l’occurrence, sur un plan symbolique le patient peut alors l'entendre comme une lutte ensemble contre sa souffrance. Se mettre ainsi du côté du patient va permettre d'engager cette alliance qui est nécessaire pour engager le travail. Lui donner le choix et se centrer sur son projet de vie, sont donc des éléments déterminants pour favoriser cette alliance. Elle va dépendre de plusieurs choses, le degré d'engagement du patient, sa motivation et aussi de notre capacité à créer du lien de confiance.
Comment parler à son psy ?
Comment se passe un entretien chez un psychologue ? Vous avez rencontré le psy qui vous convient, en qui vous avez confiance et vous souhaitez commencer votre travail thérapeutique avec lui S'il est difficile de savoir par où commencer, comment raconter ce que vous avez sur le cœur, ne vous inquiétez pas, c'est naturel.
La première séance chez un psy est souvent une prise de contact. Il s'agit d'un entretien informatif, et d'évaluation, dont le but est de cerner vos besoins, de faire connaissance, et d'en savoir plus sur votre personnalité. Durant cet échange, vous serez capable d'exprimer les raisons qui vous ont poussé à consulter. C'est aussi l'occasion pour vous de connaître votre thérapeute en lui posant des questions sur sa méthodologie et son expertise professionnelle.
Après cette première séance, si vous ne vous sentez pas en confiance, vous êtes libre de changer de praticien.
Parler avec son psy, c'est réussir à parler de soi
La parole est à vous lors d'une consultation chez le psy. L'objectif est de vous libérer de vos problèmes, de vos questionnements et de vos doutes. La neutralité du cadre vous permet de verbaliser, et exprimer tout ce que vous souhaitez, sans aucune peur de jugement. Le secret médical, et le professionnalisme de votre psy, vous offrent cette liberté, puisque votre thérapeute ne révèlera pas ce que vous lui confierez. Cette notion de confiance est primordiale pour évacuer vos maux, parler de choses intimes, et obtenir des résultats durables.
Parler avec son psy, c'est oser poser des questions
Une consultation avec un psy c'est avant tout un dialogue, c'est-à-dire une alternance de séances de questions/réponses. Dès le début, vous ne devez pas hésiter à clarifier tous vos questionnements. Il n'y a pas de questions bêtes.
Lors des séances, le psy ne parle que très peu (ou un peu plus selon le professionnel), mais il répondra sans hésiter à vos questions. Sachez qu'il s'agit d'une séance de liberté d'expression.
Parler avec son psy de manière naturelle
Au fur et à mesure que vous vous familiarisez avec votre thérapeute, il n'est plus nécessaire de planifier le sujet que vous allez aborder lors de la séance suivante. L'idéal est que vous évoquiez les sujets de manière naturelle. Séances après séances, vous reprenez le fil de votre conversation, là où elle s'est arrêtée, de manière spontanée et fluide. Le fait de ne rien planifier vous aidera à prendre conscience de l'instant présent et surtout à améliorer votre bien-être émotionnel au quotidien. Pour que la séance soit bénéfique, vous n'avez pas besoin de venir avec une question déjà définie à l'avance.
Parler avec votre psy avec aisance
Lors de vos consultations, il peut y avoir des « blancs » entre les échanges. Vous pouvez vous sentir gêné par cela, comme si vous deviez avoir quelque chose à dire à tout prix. Sachez que dans le monde thérapeutique, le silence est considéré comme un point positif. Être à l'aise en silence permet au patient d'avoir le temps de réfléchir plus profondément et d'apprécier le moment présent. Ne soyez pas gêné de vous taire, cela fait partie du processus thérapeutique aussi.
Et enfin, n'oubliez pas de parler de ce que vous aimez. Au fur et à mesure de votre relation thérapeutique, reconnaissez les progrès que vous avez accomplis, les changements que vous notez, les aspects positifs qui sont mis en lumière. Cela contribuera à votre progression et vous permettra de constater votre avancée personnelle.