Les nouvelles normes sociales de la société mettent en avant la responsabilité de l’individu vis-à-vis de son propre destin. L’action et la production de soi-même vont de pair. Or les jeux de rôle vidéo offrent un terrain à cette expérimentation de soi, voire à une production de soi. Cependant, la recherche de reconnaissance immobilise les joueurs devant leur écran, les incitant à chercher de nouveaux objets pour leur équipement, à réussir leurs combats, à monter toujours au niveau supérieur du jeu. Dès lors, ce ne sont pas seulement les conditions objectives de l’indépendance qui sont acquises de plus en plus tardivement, et souvent de façon précaire, ce sont aussi les modes de structuration de la personnalité. La pratique des jeux vidéo renvoie à la tension que vivent les jeunes, entre l’injonction sociale à l’autonomie et à la production de soi et les difficultés socio-économiques de réalisation de ce projet dans la réalité.
Ainsi, le phénomène de l’addiction aux écrans existe bel et bien en France. Certains jeunes passent des heures devant des jeux vidéo, jusqu’à se déscolariser d’abord, se désocialiser complètement ensuite. Le « trouble du jeu vidéo » n’échappe pas aux mécanismes habituels de l’addiction : un individu à l’histoire particulière, une pression sociale de la réussite, et un produit, en l’occurrence le jeu, intrinsèquement addictogène.
Des heures à jouer sans s'arrêter ? L'addiction aux jeux vidéo peut toucher aussi bien les enfants que les adolescents. Quels sont les signes ? Les causes ? Les conséquences pour le sujet ? Quelles réponses possibles ?
Quel est le nom de l'addiction aux jeux vidéo ?
L'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) reconnaît l'existence du "trouble du jeu vidéo" ou "gaming disorder" dans sa onzième révision de la classification statistique internationale des maladies et des problèmes connexes. Le qualificatif d'addiction aux jeux vidéo est encore débattu même si l'usage du jeu vidéo comporte certaines caractéristiques similaires à celles observées dans les addictions comportementales.
Qu'est-ce que c'est ?
Pour parler de trouble du jeu vidéo, ont été retenus plusieurs critères dont la perte de contrôle sur le jeu. C'est-à-dire qu'il y a perte du libre arbitre sur la conduite de jeu avec une pratique qui se produit à un moment où ça n'était pas prévu et dure plus longtemps que ce qui était planifié. De plus, la priorité est accordée à l'activité de jeu vidéo en regard d'autres activités quotidiennes et d'autres loisirs qui étaient auparavant investis. On assiste à une poursuite de la pratique malgré les conséquences dommageables directement liées à l'activité de jeu. Ces conséquences se manifestent sur le plan personnel, familial, social, éducatif. L'ensemble de ces manifestations doivent être présentes pendant au moins 12 mois pour considérer qu'il y a un trouble du jeu vidéo.
Addiction aux jeux vidéo : indicateurs ?
Il y a plusieurs critères qui servent à savoir si vous êtes addict aux jeux vidéo :
- Une perte du contrôle sur le jeu
- Un désir puissant et compulsif
- Une impossibilité à gérer son temps
- Un abandon progressif d’autres sources de plaisir et d’intérêts : la priorité est l'activité de jeux vidéo
- Une poursuite du jeu malgré les conséquences néfastes
Quelles sont les causes ?
Dans un premier temps, les motivations pour jouer aux jeux vidéo sont très variées. On retrouve souvent une recherche de divertissement, d'excitation, de plaisir, d'interaction sociale, d'encouragement ou de reconnaissance. Il est nécessaire de s'intéresser à la fonction du jeu dans la vie du sujet pour voir dans quelle mesure cet usage excessif peut se rapprocher d'un trouble du jeu vidéo.
Les causes du développement d'un trouble du jeu vidéo sont multifactorielles :
- Le jeu vidéo peut aussi être utilisé comme un refuge face aux problèmes de la vie quotidienne (professionnel, familial, scolaire) ou aux souffrances psychiques
- Chez certaines personnes fragilisées par des éléments psychologiques, sociaux et biologiques, l'usage va devenir problématique avec perte de contrôle
Les encourager à se questionner sur le temps passé devant l'écran. Il est important de ne pas stigmatiser l'usage mais de cibler plutôt la perte de contrôle et l'existence de dommages collatéraux.
Quels sont les symptômes chez l'enfant et l'adolescent ?
Les conséquences d'un usage excessif chez les jeunes enfants ne sont pas toujours visibles à court terme. Pourtant, cela peut altérer leurs capacités mentales, le cerveau se développant jusqu'à environ l'âge de 25 ans.
Chez l'enfant et l'adolescent, les symptômes peuvent être :
- des troubles de l'attention et de la concentration
- une baisse des performances scolaires
- des difficultés à communiquer en face à face
- des troubles du sommeil
- des difficultés à distinguer la fiction de la réalité
Chez l’enfant ou l’adolescent/ Il se renferme, rencontre des difficultés à communiquer et présente une irritabilité voire une agressivité certaine lorsqu’on le place face à ses obligations scolaires ou familiales. Des changements physiques peuvent aussi survenir, une prise de poids causée par une alimentation déséquilibrée ou à la sédentarité, ou bien une perte de poids s’il présente une perte d’appétit. Aucune autre activité n’intéresse l’enfant, seuls les jeux vidéo comptent au point de délaisser tout le reste.
Coupés du monde extérieur, ils sont enfermés dans un cercle vicieux d’anxiété sociale et de dépendance. Leur confisquer les ordinateurs n’a aucun effet, si ce n’est de créer des déchaînements de colère et de rage, voire des menaces au suicide et les parents sont souvent démunis face au manque de solution.
Addiction aux jeux vidéo : quelles solutions ?
Pour soigner une addiction aux jeux vidéo, la première chose à faire est de s’en rendre compte. Le plus important, c’est de ne pas diaboliser l’addiction. Il faut comprendre qu’elle ne vient jamais seule, elle est le résultat de problèmes plus importants qu’il convient de traiter avec bienveillance. Accompagner les patients à travailler sur le sens de ce qu'ils font devant le jeu vidéo. Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à consulter un professionnel qui saura rediriger le patient vers des structures spécialisées. Il existe des centres qui sont dédiés à l’addictologie. Différentes approches sont possibles, notamment une prise en charge et un accompagnement thérapeutique.
Il est toutefois possible de limiter cette pratique exagérée en mettant en place quelques stratégies :
Prendre conscience
C’est la première étape pour vaincre une addiction aux jeux vidéo. Prendre conscience de la dépendance est une partie essentielle du processus. C’est reconsidérer l’impact de la place des jeux sur sa vie. Prendre le temps de se demander pourquoi jouer autant, ce que ça procure comme sentiment : bien-être, liberté, ennui ou simple occupation.
En parler pour extérioriser
Les parents qui souhaitent aider leurs enfants peuvent essayer de comprendre l’intérêt que suscitent les jeux en question. L’idéal est donc de s’intéresser réellement au jeu en essayant de s’y initier avec son enfant et d’en parler avec lui. Par ailleurs, s’intéresser à l’univers du jeu permettra aussi aux parents les plus inquiets de se rassurer en se faisant une représentation concrètement.
Se fixer des temps de jeu et les respecter
Mettre en place des horaires réalistes. Il est certainement plus raisonnable de fixer une limite à ne pas dépasser avec votre enfant (en fonction de son âge) et faire en sorte qu’il tienne son engagement. Plus qu’une durée de jeu, vous pouvez fixer un horaire auquel arrêter.
Laisser l'ordinateur ou la console dans une pièce commune
Dans la mesure du possible il est d’ailleurs préférable d’installer l’ordinateur ou la console dans un lieu de passage de façon à pouvoir garder un regard sur l’activité de votre enfant et maintenir une présence familiale.
Respecter la réglementation des jeux vidéo
Il est capital de penser aux sigles PEGI (Pan European Game Information) avant de choisir un jeu pour son enfant. PEGI est un logo avec un âge inscrit dessus de 3 à 18 ans qui permet de classer les jeux en fonction de leur violence et de leur réalisme et de ne pas les autoriser sous cette limite d'âge. Ils permettent de savoir quel jeu est adapté à quel public.
Contrôle du temps de jeu
Les jeunes (adolescents) et les enfants sont les publics les plus sensibles, c’est pour ça qu’il faut limiter leur temps d’écran pour minimiser le risque de dépendance.
Attention, ici le but n’est surtout pas d’arrêter de jouer du jour au lendemain. Un arrêt brutal des activités risque d’amplifier l’addiction en raison de la frustration. L’objectif est de diminuer progressivement les heures de connexion jusqu’au quota adéquat.
Prendre soin de soi
Trouve une autre occupation : sortir avec des amis, se promener, rejoindre un club de sport ou une pratique créative est un excellent exutoire. Faire attention à son sommeil et à son alimentation permet de prendre soin de sa santé physique et de son moral.
En guise de conclusion
Les jeux vidéo sont un monde à part dans lequel il est possible de se plonger pour oublier les problèmes de la vraie vie. Dans cet espace, pas besoin de régler ses problèmes, il suffit de se divertir. Bien souvent, les jeux vidéo ne possèdent pas de fin et encouragent les joueurs à rester encore et encore. Ces pratiques n’aident pas à déconnecter et à retourner à la réalité dans laquelle les problèmes s’entassent jusqu’à devenir insurmontables. L’addiction aux jeux vidéo éloigne de la réalité dans une bulle fictive qui emprisonne dans un espace-temps unique, un monde virtuel qui prend la place de la réalité.
Renouer avec le contact humain
L’objectif est de renouer avec le quotidien et le réel, avec ses proches, sa famille, ses amis. Nourrir des liens dans la vie réelle qui donnera envie de sortir de sa bulle et profiter de la vie !