Illustration Syndrome de Stockholm

A travers le monde, les attentats et les prises d’otages sont devenus monnaie courante. En effet, les médias n’ont de cesse de nous présenter en direct live à 13h ou à 20h, l’ampleur dramatique et immédiate de ces événements. L’après drame n’est jamais évoqué et pourtant il laissera à bon nombre de victimes une faille indélébile et un traumatisme incommensurable. Nous pouvons le constater lors de prises d’otages. Certains développeront pendant cette capture le syndrome de Stockholm.

Anamnèse d’un phénomène : le syndrome de Stockholm

Le concept de « syndrome de Stockholm » est apparu il y a une quarantaine d’années à l’occasion d’une prise d’otages à Stockholm en Suède. Fin août 1973, 6 malfaiteurs braquent une banque de la capitale suédoise et prennent en otage ses quatre employés pendant 6 jours. Après une longue attente très médiatisée et à l’issue des négociations, tous les otages sont libérés sains et saufs. Chose étonnante, les otages ont par la suite refusé de témoigner contre leurs agresseurs. Certains sont allés les voir en prison et l’une d’entre elle a même entretenu une relation amoureuse avec l’un des malfaiteurs.

Depuis ce fait divers, de nombreuses manifestations de ce syndrome ont été identifiées.

Qu’est-ce que le syndrome de Stockholm ?

Le syndrome de Stockholm se définit comme un lien d’empathie s’installant entre la victime d’une séquestration et son ravisseur. Ce syndrome peut se manifester pour une grande variété de délits :

  • Crimes sexuels
  • Attaques à main armée
  • Prises d’otages
  • Chantages de tous genres
  • Violences à l’encontre des femmes

Le syndrome se développe de manière inconsciente et involontaire. Il s’agit de l’instinct de survie.

Il semble qu'il existe trois facteurs déterminants lors de son développement :

  • Durée de l'enlèvement : plus susceptibles d'en souffrir après une captivité plus longue
  • Contact direct : Les ravisseurs sont en contact direct avec les kidnappés, ils ne les isolent pas
  • Traitement amical : Les ravisseurs ne font pas de mal aux otages

Le syndrome de Stockholm est un phénomène psychologique hors norme qui peut se produire entre une victime et son bourreau. Certains otages ou victimes peuvent développer pendant leur captivité une certaine empathie, voire sympathie, à l’égard de leur geôlier.

En effet, l’exposition à un extrême danger, souvent associée à une forte promiscuité avec les agresseurs, peut faire surgir chez la victime un mécanisme d’adaptation lui permettant de faire face à la menace. Le syndrome de Stockholm est une stratégie de défense qui permet à la victime de gérer le choc émotionnel causé par la violence de la situation.

Comment s’installe le syndrome de Stockholm?

Le syndrome de Stockholm survient en cas de situation de stress psychologique extrême. Par exemple, en cas de prise d’otages. La victime se retrouve d’abord dans un état de sidération rendant impossible toute prise de décision. Après le choc, une réorganisation psychologique s’opère. En effet, la victime s’adapte à la situation et trouve de nouveaux repères. La victime n’a plus aucune autonomie et dépend totalement de son bourreau pour satisfaire ses besoins.

Finalement, c’est « grâce » à lui s’il peut manger, dormir, bouger, aller aux toilettes, etc. Lorsque l’agresseur n’abuse pas de la situation, sa victime le voit comme quelqu’un de bien. Certaines victimes peuvent ressentir un sentiment de gratitude envers leur agresseur, et adopter petit à petit la pensée et le code moral du bourreau.

Plus la situation s’éternise, plus cette nouvelle personnalité a de risque de s’implanter profondément dans l’individu, à tel point que certaines victimes se rangent parfois du côté de l’agresseur et s’opposent aux forces de l’ordre.

À savoir/ Le fait de vivre sans contact avec le monde extérieur peut également induire le syndrome. C’est particulièrement le cas dans les situations de violence familiale où la personne agressée prend fréquemment la défense de son agresseur.

Finalement, le syndrome de Stockholm serait un mécanisme d’adaptation permettant aux victimes de survivre. En effet, cet ajustement aurait pour objectif de diminuer l’anxiété engendrée par une menace subite de mort.

Le syndrome de Stockholm n’affecte cependant pas tous les individus vivant la même situation. Par ailleurs, seulement 3 à 4 jours de captivité suffisent pour qu’il se manifeste. Il semblerait qu’il apparaisse lorsque les facteurs suivants sont présents :

  • Les agresseurs menacent la vie de la victime/L’agresseur est perçu par celle-ci comme capable de passer à l’acte
  • La victime ne peut pas s’échapper et dépend de son agresseur
  • La victime n’a aucun contact avec l’extérieur
  • L’agresseur est vu comme bienveillant

À savoir/ Le phénomène inverse du syndrome de Stockholm existe, on parle du syndrome de Lima, au cours duquel c’est l’agresseur qui éprouve de l’empathie pour sa victime.

Quels sont les symptômes du syndrome de Stockholm ?

Un syndrome de Stockholm est caractérisé par la présence de divers éléments :

  • La présence d’un lien d’attachement et d’empathie (voir d’amour) entre la victime et l’agresseur. Ce lien peut être conscient ou inconscient. L’agresseur peut être vu par sa victime comme en souffrance, sincère et bienveillant.
  • Un sentiment d’impuissance exacerbé qui engendre une mise de côté de soi afin de survivre
  • Une dépendance totale qui engendre la perte d’autonomie de la victime. L’agresseur s’arrange pour être le seul à pouvoir répondre au besoin de sa victime pour obtenir sa soumission
  • Une hostilité envers les forces de l’ordre de la part de la victime. Cette dernière à tendance à minimiser les faits pour ne pas trahir l’agresseur
  • Une diminution voire suppression des contacts avec l’extérieur

Comment est-il diagnostiqué ?

L’identification d’un syndrome de Stockholm repose sur la présence de 3 signes associés chez la victime:

  • Un sentiment de compréhension, de sympathie voire d’amitié à l’égard de son agresseur
  • Aucune plainte d’agression, de violence ou de maltraitance
  • Aucune volonté d’opposition à l’agresseur

La prise en charge du syndrome de Stockholm

La prise en charge du syndrome de Stockholm est psychologique. Elle repose sur un suivi psychologique régulier. Le travail de reconstruction psychologique des victimes est très long et éprouvant. Parfois, le traumatisme est si important que la personnalité de la victime est profondément affectée.

Le temps nécessaire à la reconstruction et au déconditionnement est variable selon la durée la période de violence et son contexte.

Plusieurs étapes sont nécessaires à la guérison :

Une première phase de rupture totale du lien agresseur - victime. L’objectif est que la victime puisse se libérer de l’emprise.

Une phase de prise de conscience pour que le patient puisse reconnaître le caractère toxique de la relation.

Certains thérapeutes montrent au patient des photos de l’agresseur, visite avec eux le lieu de l’agression ou les font participer à une reconstitution. Petit à petit le patient ressent de moins en moins d’admiration pour son agresseur.

La prise en charge d’un syndrome de Stockholm repose sur un suivi psychologique intensif et le soutien familial, parfois pendant plusieurs années.

En guise de conclusion

Ce syndrome peut se manifester pour une grande variété de délits : -Crimes sexuels -Attaques à main armée -Prises d’otages -Chantages de tous genres -Violences à l’encontre d’autrui

Les victimes ayant vécu un de ces événements dramatiques ne vont pas nécessairement développer un syndrome post-traumatique. Il est cependant vrai et reconnu qu’un sujet sera d’autant plus fragilisé s’il a vécu antérieurement d’autres événements douloureux et traumatisants. Le rôle du sujet dans le déclenchement et le déroulement de l’événement est capital ainsi que la perception et l’évaluation personnelle que celui-ci éprouve et intègre de l’évènement hors du commun.

In fine, c’est moins ce que le sujet a ressenti et expérimenté que la façon dont il a vécu cet événement qui induit une souffrance traumatique.

A cet égard, des C.U.M.P (Cellules d’Urgence Médico-Psychologique) ont été créées le 25 juillet 1995 pour venir en aide, en soutien et accompagner les victimes d’attentats et de prises d’otages.