Illustration Les phobies : doit-on en avoir peur ?

Genèse du concept de phobie

S’il fallait conter l’histoire des phobies, elle commencerait par son étymologie, du grec φο βο, « peur », puis nous emmènerait à la définition actuelle, la phobie comme « la peur d’un mal imaginaire ou la peur excessive du réel »; de nos jours, est présenté un inventaire des différentes phobies répertoriées : de la peur des chiens, des insectes, des rats, des dentistes, du sang ou de l’eau à la peur de la solitude, du conflit, des fantasmes ou de la mort…

Dès le XXe siècle, une classification est citée en référence, distinguant les phobies d’objets dangereux, les phobies de lieux, les phobies des phénomènes de la nature, les phobies de situations, les phobies de tels ou tels aspects du corps malade, et, bien sûr, les phobies d’animaux.

Qu'est-ce qu'une phobie ?

La phobie est définie comme une peur importante ou persistante par rapport à des objets ou des situations. Cela signifie que votre corps va réagir de manière intense, irrationnelle voire incontrôlée lorsque vous serez en présence d’une chose ou d’une situation particulière (ex : ascenseur).

Les phobies entraînent plusieurs conséquences :

  • Peur excessive déclenchée par l’objet phobogène ou l’anticipation d’y être exposé
  • Comportements d’évitement de l’objet phobogène
  • Réponse systématique caractéristique de la phobie lors de la confrontation à l'objet
  • Symptômes de la phobie qui s’installent dans le temps (au moins 6 mois)
  • Génération d’une grande souffrance et de perturbations dans la vie de tous les jours

Quelles sont les phobies les plus fréquentes ?

On retrouve ces critères diagnostiques et Les phobies y sont toujours – classées avec les troubles anxieux et l’on y distingue trois types de phobies :

  • la phobie spécifique : peur marquée, irrationnelle, ou anxiété au sujet d’un objet ou d’une situation spécifique.
  • l’agoraphobie : peur des espaces publics ; transports publics, espaces ouverts, espaces fermés, peur de la foule ou d’être seul en dehors de chez soi.
  • la phobie sociale, aussi appelée « anxiété sociale », se définit par la peur marquée dans une ou plusieurs situations sociales dans laquelle le sujet est exposé au regard attentif de l’autre.

La panique ressentie est parfois inexpliquée, c’est-à-dire que vous ne savez pas pourquoi vous ressentez une telle peur vis-à-vis de cet objet ou situation. Au contraire, l’origine de la phobie est parfois très bien identifiée, comme avoir développé une phobie des chiens suite à une morsure pendant l’enfance.

Quelles sont les phobies spécifiques les plus communes ?

L’aérophobie est la peur incontrôlable de prendre l’avion, ce qui se manifeste le plus souvent par des attaques de panique si vous prenez l’avion, mais surtout cela vous conduit à éviter ce mode de transport.

La claustrophobie est la phobie des petits espaces et de rester enfermer, comme par exemple dans un ascenseur. La peur du vide et de la hauteur s’appelle l’acrophobie. Cela peut entraîner une forte angoisse mais aussi des vertiges si vous vous situez en hauteur.

L’arachnophobie ou peur des araignées est une des phobies les plus courantes, tout comme la brontophobie qui est la phobie des événements météorologiques tels que l’orage, la foudre etc.

Quelles-sont les phobies sociales les plus communes ?

 La peur des lieux publics ouverts s’appelle l’agoraphobie, c’est une des phobies sociales les plus retrouvées. Si vous êtes agoraphobe, vous appréhendez de vous retrouver en présence de beaucoup de gens sans possibilités de vous isoler ou recevoir de l’aide en cas de besoin.

La glossophobie, ou peur de prendre la parole en public (ex : faire un discours) est aussi très répandue. Elle se présente lorsque l’on se sent obligé de parler en public ou lorsque l’on anticipe ces situations.

De manière assez liée, la phobie sociale est la peur du jugement de la part d’autrui de manière générale. À l’inverse, la peur d’être seul s’appelle l'autophobie.

Pourquoi avons-nous des phobies ?

Il existe différentes hypothèses dans la genèse des phobies. La première est celle du conditionnement, à savoir le fait d’avoir vécu une expérience de vie qui a généré une phobie. Par exemple, de nombreux cynophobes (phobiques des chiens) ont été mordus ou attaqués avant de développer cette peur incontrôlable de tous les chiens par généralisation.

Les phobies peuvent également être apprises : ce peut être le cas pour la peur des araignées, qui n’est pas souvent lié à un traumatisme mais bien à l’intériorisation d’une peur générale ou de messages transmis dans les médias ou au sein de la famille sur cet animal.

Comment évoluent les phobies ?

Les phobies simples, plus fréquentes chez les enfants, disparaissent souvent après l’adolescence. Lorsqu’une phobie simple apparaît pendant l’âge adulte, son impact sur la vie quotidienne tend à s’atténuer avec le temps, souvent grâce à des stratégies d’évitement de plus en plus complexes.

L’agoraphobie non traitée tend à s’aggraver. Le sujet en souffrance sort de moins en moins et son anxiété augmente. Épuisés par cette phobie, de nombreux agoraphobes développent une dépression et cherchent le soulagement dans l’alcool, les drogues ou les médicaments anxiolytiques.

Les manifestations de la phobie sociale non traitée s’accentuent avec le temps. Elles nuisent de plus en plus à la vie sociale et professionnelle. D’autres troubles anxieux peuvent également se manifester.

Quelles en sont les causes ?

Les phobies sociales et les phobies spécifiques se retrouvent parfois parmi les membres d'une même famille, ce qui indique la présence d'un facteur génétique. Certaines personnes naissent avec une prédisposition à l'anxiété, ce qui leur donne une tendance particulière aux phobies.

Les phobies peuvent se développer en réponse à une pression ou à la suite d'un événement traumatisant. Dans d'autres cas cependant, des peurs irrationnelles peuvent se développer sans aucun événement déclenchant. Les adultes reconnaissent généralement que leurs peurs sont irrationnelles ou excessives, et cela peut constituer un facteur d'isolement. Le sujet concerné ne parle probablement pas ni à ses amis ni aux membres de sa famille d'une peur qu'il juge ridicule.

Les phobies peuvent également être apprises par observation. L’acquisition d’une phobie peut être causé par le fait de voir le comportement apeuré d’une autre proche confronté à sa phobie, malgré le peu d’interaction personnelle. L’exposition aux médias peut être la source du développement de certaines phobies. Les phobies font aussi naturellement partie du processus de développement. La plupart des enfants passent par des périodes où ils ont peur de l'obscurité, des monstres ou des inconnus. Beaucoup d'adolescents ressentent aussi de l'anxiété au sujet de l'image qu'ils projettent et de la façon dont ils sont perçus par autrui. Tandis que ces peurs sont naturelles et disparaissent avec le temps, elles peuvent quelquefois persister ou devenir incapacitantes.

Symptômes et complications

L'anxiété que ressent un sujet atteint de phobie peut se manifester par des symptômes physiques aussi bien que mentaux. Le niveau d’incapacité fonctionnelle peut varier de minime à important.

Sur le plan mental, l'anticipation d'une situation particulière, ou le désir d'éviter cette situation, peut inquiéter une personne au point de perturber son sommeil, de la fatiguer et de la rendre irritable, ou même de lui créer de la difficulté lorsqu'elle devrait concentrer son attention sur autre chose.

Sur le plan physique, l'anxiété liée à la peur peut provoquer une transpiration abondante, une respiration laborieuse, une accélération du rythme cardiaque (des palpitations), des étourdissements ou même un évanouissement. L'anxiété peut aussi causer une tension ou douleur musculaire, nuire à la digestion et entraîner une diarrhée, par exemple.

On peut identifier des phobies particulières lorsque la peur suscitée par certaines situations - ou leur simple évocation - est assez forte pour que les gens perdent leur capacité à y faire face. Les efforts déployés par ces sujets pour éviter les situations redoutées peuvent devenir éprouvants et perturber gravement leur vie.

Les attaques de panique

Les attaques de panique peuvent dégénérer en phobies. Le trouble panique est caractérisé par des sentiments récurrents d'extrême terreur et panique combinés à une inquiétude constante au sujet de la possibilité d'avoir une autre attaque, ou par des changements de comportements causés par les attaques.

Une attaque de panique peut provoquer une accélération du rythme cardiaque, des étourdissements, une perte de connaissance, de la faiblesse ou des sueurs. Ces crises de panique peuvent se produire à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit et s'accompagnent souvent de nausées, de douleurs thoraciques, d'une perte de toute notion de réalité et de contrôle.

Le trouble panique n'est pas une phobie, mais un trouble anxieux. Cependant, une attaque de panique dans un ascenseur peut entraîner la peur des ascenseurs ou des lieux clos ; la peur d'une attaque de panique dans des lieux publics peut mener un sujet à éviter ces endroits, d'où la survenue d'une agoraphobie. De même, les attaques de panique peuvent devenir des symptômes de phobies, et l'exposition aux choses ou aux situations redoutées est susceptible de les déclencher.

La phobie simple

La phobie simple est la peur anormale, excessive et injustifiée d’un objet ou d’une situation : peur de certains animaux, du vide, de l’avion, de l’eau, des miroirs, des aiguilles, etc. Il y aurait plus de six mille sortes de phobies simples ! Certaines sont assez répandues, comme la peur des lieux clos (claustrophobie), d’autres sont plus rares et peuvent sembler bizarres.

La plupart des personnes vivent avec leur phobie en mettant en place des stratégies d’évitement. Par exemple, un phobique des insectes préférera vivre dans un appartement en ville plutôt que dans une maison à la campagne.

L’agoraphobie

Les sujets souffrant d’agoraphobie redoutent de se retrouver dans des lieux publics dont ils pensent qu’ils ne pourront pas s’échapper ; par exemple dans les transports en commun, centres commerciaux, files d’attente ou théâtres. Certains agoraphobes restent chez eux pendant des années, ne sortant qu’exceptionnellement, accompagnés d’un proche de confiance. Les personnes souffrant de troubles paniques développent parfois une agoraphobie, mais certains agoraphobes ne connaissent pas ce type de trouble.

La phobie sociale

La phobie sociale est une forme grave et parfois très invalidante de phobie. Elle se caractérise par la crainte d’être observé et jugé par les autres, ou encore d’être gêné ou humilié par ses propres actions. Elle se manifeste par une peur déraisonnable d’une ou plusieurs situations sociales : peur de prendre la parole devant un groupe, de s’adresser à des inconnus, de manger sous le regard des autres, d’aborder une personne du sexe opposé ou encore de se rendre à l’école. Dans ce dernier cas, on parle de phobie scolaire. La phobie sociale interfère fortement avec le travail ou l’école et peut conduire à la dépression.

Le trac est-il une forme de phobie sociale ?

Le trac est l’angoisse normale que l’on ressent avant d’affronter un public, de subir une épreuve. Cette peur est due à la crainte d’être jugée par d’autres personnes, un jury ou un public par exemple. Cependant, à la différence de la phobie sociale, cette angoisse se dissipe progressivement dans l’action. Ce n’est donc pas une forme de phobie.

Phobies : d’où viennent-elles ?

Si certaines phobies ne perturbent pas beaucoup la vie de tous les jours, d’autres peuvent prendre des proportions importantes et avoir des répercussions très négatives dans la vie intime comme sociale.

Phobies et trouble anxieux

Les phobies sont l’une des formes que peut prendre le trouble anxieux. Ce dernier correspond à une anxiété devenue trop intense ou trop envahissante au point de perturber la vie quotidienne.

La particularité de la phobie est que le trouble anxieux se manifeste autour d’un animal, un objet ou une situation. La phobie devient problématique à partir du moment où son intensité rend certaines situations de la vie courante difficiles et que vous en souffrez, conscients de votre trouble présent malgré l’absence de raison objective d’avoir peur.

Plusieurs éléments peuvent provoquer l’apparition d’une phobie :

  • Un événement traumatisant responsable de son déclenchement.
  • L’éducation inculquée par un parent lui-même phobique, qui transmet alors sa peur malgré lui. Également en cas de recommandations de prudence excessives dans certaines situations, par exemple lorsqu’un parent répète à son enfant d’éviter de jouer au milieu des fleurs, pour éviter de se faire piquer par un insecte.

Biologiquement, une phobie pourrait s’expliquer par l’hyperfonctionnement des circuits cérébraux impliqués dans les émotions, en particulier la peur. En outre, un dérèglement biologique dans la région de l’amygdale pourrait favoriser l’apparition d’un trouble anxieux.