Les phobies infantiles sont considérées comme ordinaires à condition d’être passagères et peu extensives. On considère naturel que l’enfant ait peur du noir et qu’il se rassure avec son doudou pour s’endormir, ou qu’il ait peur des petits ou des gros animaux.
Avant de se coucher, les enfants réclament des histoires, dont le contenu parfois effrayant leur permet de symboliser leurs peurs et de s’en distancier par projection. Les adultes, de leur côté, aiment raconter ces histoires, convaincus d’effectuer par là une sorte d’échappatoires de la peur. Ces lectures précèdent l’endormissement, comme s’il fallait armer l’enfant qui va plonger dans le rêve et se confronter au théâtre de son inconscient, aux cauchemars et aux terreurs nocturnes.
Chez l’enfant, une lecture développementale est donc nécessaire pour évaluer ses peurs et ses angoisses.
Principales sources de peur selon les étapes du développement
Si, au cours du développement, les sources de peurs sont constantes, ce sont les conséquences de la phobie dans la vie réelle et dans la vie psychique, ou son apparition et son maintien à un âge avancé qui feront la gravité du symptôme et s’autonomiseront sous la forme de troubles anxieux de l’enfant.
Ainsi, l’anxiété de séparation banale de l’enfant de 2 à 4 ans sera considérée comme un trouble anxieux si elle persiste autour de 10-11 ans.
Plusieurs facteurs sont associés à la survenue d’une phobie chez l’enfant : l’apprentissage, la dynamique familiale (antécédents fréquents de troubles phobiques chez l’un des parents), le développement psycho-affectif de l’enfant au travers de l’émergence du sentiment d’individualité et de sa capacité à être seul.
L’angoisse surgit quand l’équipement maturatif de l’enfant ne peut répondre de manière adéquate à une tension vécue comme menaçante.
Le plus souvent, ces symptômes anxieux et phobiques vont progressivement disparaître avant 8 ans, mais ils peuvent parfois persister jusqu’à l’adolescence ou conduire à des problématiques psychiques plus intenses. La réaction des parents conditionne le pronostic, pérennisant les troubles en cas de protection excessive, risquant de les aggraver lors de provocations par des expositions répétées à l’objet phobogène.
Tous les soirs, c’est la même histoire !
Au moment du coucher, vous prenez le temps de lire une histoire à votre enfant, de le câliner, de lui souhaiter bonne nuit et puis vous éteignez la lumière. Et là, il se met à pleurer, refuse de s’endormir de peur qu’un monstre surgisse, qu’une sorcière apparaisse ou qu’un loup-garou sorte de l’armoire, un monstre qui est le fruit de son imaginaire mais qui revêt de réelles angoisses.
Pourquoi les enfants ont-ils peur du noir ?
La peur du noir est plutôt ordinaire. Elle apparaît chez les enfants vers l’âge de 2 ans et persiste généralement jusqu’à l’âge de 5 ans. En fait, cette peur est souvent liée à une angoisse de séparation, inévitable au moment du coucher. L’enfant se retrouve seul dans sa chambre et commence à paniquer, il appelle ses parents et leur demande de rester avec lui.
C’est aussi le soir que l’imaginaire des petits prend le dessus. L’obscurité leur donne l’impression que des loups-garous ou autres monstres peuvent surgir à tout moment. Mais, pour leur défense, qui n’a jamais cru voir une ombre dans sa chambre en plein milieu de la nuit ?
Naturellement, avec le temps, votre enfant devrait prendre confiance en lui et se rassurer tout seul. Contrairement à ce que l’on peut penser, la peur n’est pas une émotion négative. Elle aide les enfants à faire leurs expériences, à se dépasser et à grandir. Attention, cela ne veut pas dire qu’il faut les laisser se forger leur caractère en étant apeurés mais le vivre comme une expérimentation de leur structuration psychique ainsi que de leur développement et maturation affective. Le mieux reste de les écouter, les réconforter et de les accompagner autant que possible.
Peur du noir : l'obscurité source d'insécurité chez les enfants
Pour un enfant se retrouver plongé dans le noir peut susciter un sentiment d’insécurité. Impossible de contrôler son environnement, de vérifier qu'aucun monstre ne rôde, de retrouver son doudou, le sens du lit ou simplement le chemin des toilettes... Les limites ont disparu, ce qui entraîne chez l’enfant de l’angoisse. Être dans le noir devient, un vaste piège au cœur duquel, désorienté, l'enfant se sent totalement démuni.
A noter : c'est généralement quand les bruits familiers ont cessé et que la maison est plongée dans le silence, que l'enfant va se sentir davantage perdu.
La peur du noir est aussi souvent présente quand l’enfant souffre d’une peur de la séparation, qui s’accentue quand on le met au lit. Ainsi, l'enfant a peur du noir parce qu'il est seul dans sa chambre, sans ses parents.
Que se passe-t-il dans leur tête ?
Les enfants comme les adolescents taisent souvent leurs angoisses. Leurs parents pensent, tout simplement, qu’il s’agit là d’une peur normale et que le temps qui passe fera œuvre positive et qu’ils surmonteront leurs peurs. Cependant, si cette angoisse d’insécurité et de menaces perdure, elle aura pour conséquence la persistance de l’état anxieux, qui s’accompagnera souvent de nombreux troubles à l’âge adulte.
En effet, il faut savoir que cette insécurité psychique est liée là encore au développement. C’est comme si l’enfant était dans l’incapacité de dépasser une étape dans sa construction mentale. Cette étape d’angoisse et d’insécurité se retrouve souvent vers l’âge de 3/4 ans. Il s’agit d’une période de développement qui correspond à la période qui est marquée par de nombreuses angoisses, dont l’angoisse d’abandon, l’angoisse de séparation. Les enfants font souvent durant une longue période des cauchemars morbides où ils se voient souvent abandonnés ou encore se voient confrontés à la mort violente de leurs parents. Il ne s’agit pas là simplement de terreurs nocturnes, mais de réels cauchemars qui restent souvent à la conscience et qu’ils n’arrivent pas à refouler.
Comment vaincre la peur du noir ?
Le vrai enjeu consiste cependant à l'aider à apprivoiser et à vaincre cette peur. Et cela passe par le dialogue et la parole :
- Prenez-le au sérieux sans dramatiser la situation
- Cherchez à identifier d'où vient son angoisse
- L’accompagner, le rassurer, l’aider à trouver ensemble des solutions
- Incitez votre enfant à y apporter des réponses qui lui conviennent
En pratique, invitez-le à décrire sa peur, demandez-lui ce qui lui a fait peur précisément afin d'en cerner tous les aspects. Montrez-lui que vous comprenez son angoisse, sans pour autant vous y associer. Vous ne feriez que la renforcer. Évoquez en revanche l'une de vos inquiétudes d'enfant, que lui ne partage pas. Il s'en sentira plus fort.
Vous pouvez aussi l'aider à évoquer une peur qu'il avait et qu'il a su dépasser, par exemple dormir dans une autre maison que vous ou se baigner dans la mer en vacances. Laissez-lui le temps de se remémorer cette victoire sur lui-même.
Enfin, aidez-le à identifier ses ressources en cas de besoin : par exemple l'interrupteur de la veilleuse, à portée de main : "Si tu veux, tu peux l'allumer". Vous pouvez lui demander de choisir lui-même une solution qui le rassurera (mettre une veilleuse, laisser la porte ouverte, allumer le couloir).
Au quotidien, n'hésitez pas à installer une petite veilleuse dans sa chambre ou à prendre l'habitude de laisser la lumière du couloir allumée la nuit. Entre obscurité et pénombre, la différence est importante : l'une angoisse, l'autre rassure.
Pour préparer l'enfant à la séparation du coucher, préparez son sommeil par un petit rituel : une histoire lue, racontée, chantée, un câlin, etc. Aussi, acceptez ce qui l'apaise comme le pouce, la tétine ou le doudou.
Enfin, si un cauchemar le réveille, demandez-lui de raconter son cauchemar et rassurez-le, restez auprès de lui tant qu'il n'a pas retrouvé son calme et laissez-le se rendormir seul. C’est ainsi que peu à peu il triomphera de ses peurs d'enfant pour avancer serein vers sa vie d'adulte.
Cinq astuces pour aider votre enfant à se rassurer, se sécuriser et retrouver le sommeil
Astuce n°1 : Aidez votre enfant à exprimer ses peurs
Si votre enfant vous dit qu’il a peur du noir, ou qu’il vous le montre grâce à son doudou ou à des signes, rien ne sert de l’ignorer ou de minimiser son angoisse. La première chose à faire est de prendre le temps de parler avec lui de sa phobie. Dans un premier temps, votre empathie l’aidera certainement à s’apaiser. Demandez-lui de vous expliquer précisément ce qui lui fait peur, ou même de le dessiner. Il pourra ensuite écraser ou froisser le papier pour faire disparaître les vilains monstres qui l’effraient !
Ce sera aussi le bon moment pour lui faire comprendre que les dragons n’existent que dans les histoires et qu’il n’y a aucun crocodile dans la maison.
Enfin, si ce sont des bruits qui l’angoissent, restez auprès de lui pour les identifier. Il s’agit peut-être d’un simple bruit de tuyauterie ou d’un volet qui claque. Il vous sera alors facile de démystifier ce qui peut l’inquiéter.
Astuce n°2 : Mettez en place un rituel du coucher
Le rituel du coucher est une routine qui permet aux enfants de comprendre qu’il est bientôt l’heure d’aller au lit. Cela leur donne un repère rassurant et offre un climat propice à l’endormissement.
Ce rituel peut prendre différentes formes : il peut s’agir d’un petit retour au calme, d’une lecture, d’une chanson ou d’un simple câlin. Peu importe, l’objectif est d’apaiser votre enfant avant d’éteindre la lumière et de le laisser seul dans sa chambre.
Astuce n°3 : Laissez-lui une lumière
La pénombre fait souvent moins peur que l’obscurité. C’est pourquoi une lumière suffit généralement à rassurer les enfants. Une veilleuse dans la chambre peut très bien être suffisante. Et pourquoi pas choisir le modèle ensemble ? En forme de lanterne, de petit animal, blanche, colorée, avec ou sans étoiles projetées au plafond… Certaines veilleuses sont tellement réconfortantes.
Vous pouvez aussi laisser la porte de la chambre entrouverte et laisser la lumière dans le couloir. Cette technique est parfois suffisante pour aider un enfant à surmonter sa peur d’être seul la nuit.
Astuce n°4 : Lisez des livres avec lui
Savoir que l’on n’est pas seul à avoir peur du noir, ça rassure beaucoup. C’est pour cela que les livres pour enfants sont de formidables supports pour aborder ce sujet. En comprenant que certains personnages vivent la même chose que lui, votre enfant réalisera que lui aussi peut surmonter sa peur.
Choisissez un livre avec un personnage que votre enfant aime bien ou alors un livre plutôt drôle et humoristique afin de lui faire penser à autre chose qu’à des monstres avant de fermer ses petits yeux.
Enfin, n’oubliez pas de demander tout simplement à votre enfant ce qui pourrait l’aider à surmonter cette angoisse. Il a très souvent les ressources et les réponses en lui.
Astuce n°5 : Aidez-le à avoir confiance en lui
Votre enfant se souvient-il de la fois où il a fait de la tyrolienne tout seul comme un grand ? De celle où il a sauté du plongeoir à la piscine ? Rappelez-lui à quel point il est très courageux !
N’hésitez pas à lui laisser une petite carte d’encouragement sur sa table de nuit et dites-lui qu’il a déjà su surmonter ses peurs à différentes occasions et que vous savez que cette fois aussi, il y arrivera.
En guise de conclusion
Rares sont les enfants qui échappent à la peur du noir. Fréquente entre deux et cinq ans, cette angoisse regroupe plusieurs paramètres. Des solutions simples existent pour calmer votre enfant et vaincre cette peur de l'obscurité.
Si cette peur du noir perdure au-delà des 5 ans de votre enfant ou que vous sentez qu’il s’agit d’une peur panique irrationnelle, n’hésitez pas à en parler à votre médecin ou à consulter un psychologue. Il s’agit peut-être de nyctophobie (phobie du noir) et dans ce cas, il est préférable que vous vous fassiez accompagner.
Dans tous les cas, des solutions adaptées existent !