Que ce soit dans les séries ou dans les documentaires, les tueurs en série apparaissent comme des êtres complexes. Le spectateur cherche à se mettre dans la peau de ce personnage pour essayer de le comprendre et découvrir comment il a pu en arriver là. Le visionnage devient alors une quête de sens.
Il y a aussi un effet d’irréalité, appelé en psychologie « la pensée magique » : le spectateur se persuade que cette situation ne peut pas lui arriver et qu’il va conjurer le sort. On se figure que notre monde est assez protégé et on est rassuré. On ne peut pas s’imaginer qu’on puisse rencontrer un tueur en série en faisant de l’auto-stop ou en se baladant dans la forêt.
Ils font partie des figures un peu mythologiques qui ont effrayé de tout temps. Quand on est enfant, on lit des contes avec des loups et des méchantes sorcières. Mais on traverse ces histoires effrayantes en sachant qu’elles seront terminées une fois le livre fermé. Il y a une mise en récit, un cadre, un début et une fin. C’est la même chose avec les séries. On se rassure en se disant qu’on peut arrêter l’épisode. Ça nous enlève ce sentiment que le réel peut surgir à tout moment dans notre vie.
Les tueurs en séries n’ont de cesse de défrayer la chronique et obsèdent les enquêteurs et les familles des victimes pendant des années, avant d’être mis hors d’état de nuire. Meurtriers, violeurs, procès de ces terreurs des populations, comment comprendre ce qui pousse ces monstres glacés à commettre de tels actes ?
La personnalité
La personnalité est un ensemble de caractéristiques que possède une personne. Elles influencent sa manière de penser, ses motivations, ses comportements et la rendent distincte des autres personnes.
L'origine du terme "personnalité" provient du latin "Persona" qui désignait le masque que portaient les acteurs de théâtre.
Masque qui correspondait à un trait de caractère spécifique du rôle joué par l'acteur et qui permettait au spectateur de deviner les comportements et les attitudes du personnage.
La personnalité peut se définir comme étant le résultat de l'intégration dynamique des composantes cognitives, émotionnelles et comportementales. Elle se construit tout au long de la vie du sujet, les expériences traversées et les rencontres viendraient ensuite la nourrir.
Si la personnalité a une dynamique stable, elle est marquée par les traits de personnalité qui peuvent être différents et se modifier en fonction des moments de vie :
- Les traits appartenant à la notion de la sociabilité
- Les traits appartenant à la notion d'évaluation des compétences
La personnalité devient pathologique quand elle se rigidifie. Ses réponses face à une situation deviennent inadaptées et amènent le sujet dans une souffrance pouvant entrainer un trouble durable de la pensée, du comportement, du ressenti.
Le tueur en série : qui est-il ?
Agissant le plus souvent en solitaire, le tueur en série planifie un crime bien à l’avance ; mais parfois sous le coup de l’impulsivité pour une minorité, la victime n’étant pas préalablement sélectionnée. Dans ce dernier cas, une réelle maladie mentale comme la psychose est constatée. Il ressort des nombreuses études psychopathologiques menées jusqu’ici que la majorité des tueurs en série se définissent comme des psychopathes sadiques sexuels, dont l’enfance s’est avérée difficile, voire bafouée, ponctuée de situations de violence physique et psychologique. De plus, des fantasmes omniprésents conjugués à des idées de mort, de sexe et de violence, sont autant de points communs à l’origine des actes dont ils sont les instigateurs. Au-delà d’un acharnement médiatique qui ne cesse d’abreuver le grand public d’histoires et d’images les représentant comme tels, les tueurs en série restent une énigme à résoudre. Nous pouvons dès lors tenter de répondre aux différentes interrogations soulevées par ce phénomène, à la manière dont ces individus opèrent.
La personnalité criminelle :
Quatre conditions indissociables : | Quatre traits psychologiques : |
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Le passage à l’acte sommeille dans le psychisme jusqu'à ce que des situations propices puissent le faire émerger.
Plusieurs prédicteurs pouvant l’expliquer : | Parmi les plus communs, nous retrouvons : |
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Il ne faut pas tous ces prédicteurs (listes des tableaux non exhaustives) pour avoir une personnalité criminelle. Une partie seulement peut composer la personnalité criminelle d'un sujet, mais toutes auront au moins un de ces prédicteurs qui sont le résultat des statistiques et études relevés auprès des criminels. La définition qui entoure le "concept" du tueur en série est complexe. En effet, il n'existe pas un type de tueur en série, mais plusieurs types de tueurs en série. S'ils sont donc de plusieurs types, ils se retrouvent néanmoins sur certains points que l'on recoupe notamment sur le nombre de victimes, le temps qui peut s'écouler entre les meurtres, le type de victimes et le comportement adopté par le tueur. Cependant ces critères peuvent se montrer mouvants.
D'autres définitions élargissent le phénomène des tueurs en série en mettant en avant le nombre de meurtres : un minima de trois ou quatre sur une durée indéterminée et caractérisée par une méthode particulière et avec un motif précis. Le tueur en série est donc un homme ou une femme qui n'est pas un tueur dit de masses ni un tueur multiple, ex : quelqu'un qui tue tous les membres de sa famille sera considéré comme tueur multiple. Le tueur de masses quant à lui tue dans un laps de temps très rapproché et en grand nombre.
La typologie des Tueurs en série
Ils sont rangés en trois catégories que l'on nomme : tueur en série organisé, désorganisé ou mixte. C'est le meurtrier lui-même et son comportement qui vont définir tout d'abord le classement dans cette catégorie suivie par la scène de crime primaire « le lieu du meurtre », secondaire « le lieu où sera retrouvé le corps et/ou transporté » et « le mode opératoire » utilisé pour tuer.
Le tueur en série organisé
Il paraît comme Monsieur et Madame tout le monde et se fond parfaitement dans le décor. Certains sont engagés dans des associations, en politique, dans la vie du voisinage, etc. Ils sont en général respectés par leur entourage qui ne les soupçonne pas du tout. Certains ont une vie sociale active.
Le tueur en série organisé planifie ses crimes, il ne connaît pas ses victimes et tue dans un secteur étendu mais sélectionne ses proies par âge, race, métier et sexe. Le tueur en série organisé ne tue pas sous l'effet d'une impulsion. Il a préparé son meurtre et réfléchit à la manière de procéder.
Son passage à l'acte va advenir sous le coup d'un événement particulier souvent provoquer par un stress intense. Il va avoir à cœur de retrouver la teneur de son fantasme à travers la mort qu'il donne. Il se maîtrise lors du passage à l'acte. Il se fait alors un rituel de préparation qui peut prendre plusieurs heures et qu'il voudra retrouver par la suite en terme émotionnel.
La scène du crime sera soignée avec des indices rares laissés sur place. L'arme du crime en général ne sera pas retrouvée. La victime sera cachée, enterrée afin de retarder sa découverte. Les actes de violence seront commis avant la mort de la victime et non après sur le cadavre même s'il arrive que certains retournent sur le lieu où le corps a été enterré pour revivre les émotions du meurtre ou avoir une relation avec le cadavre. Après son meurtre, le tueur retournera à sa vie comme si de rien n'était avant de planifier son assassinat suivant.
Le tueur en série désorganisé
C'est un tueur qui est plutôt isolé socialement. S'il travaille, il habite près de son emploi (souvent peu qualifié) et se déplace très peu. Il est souvent socialement immature. Ses meurtres se déroulent dans un secteur proche de son domicile en général. Il a pu connaitre une enfance très disciplinaire tout comme le tueur organisé.
Le tueur désorganisé est souvent en proie à une addiction et il peut souffrir d’un trouble psychique.
Son premier meurtre est souvent spontané et non prémédité. Ses victimes peuvent être connues mais en général sont inconnues et n'ont rien en commun. Il a peu de contact avec sa victime et la tue rapidement avec violence. Il prend comme arme ce qu'il a sous la main et peut en changer durant sa série sans avoir un modus operandi précis. La victime est souvent retrouvée sur le lieu du meurtre et rarement dissimulée. La scène de crime présente plusieurs indices.
Le tueur en série mixte
C'est lorsque les caractéristiques des meurtres diffèrent dans leur mode et qu'elles ne suivent pas le schéma habituel de la série, passant de crimes organisés à désorganisés. Il peut aussi associer des caractéristiques de l'un (être en proie à une addiction), mais aussi de l'autre (avoir une vie sociale forte et être parfaitement intégré).
De plus, sont repérés quatre types de tueurs en série :
- Le dominateur : il aime le contrôle et la domination et peut décider de la date de la mort de sa victime
- Le missionnaire : il se croit en mission et tue une catégorie précise d’individus
- L’hédoniste : le plaisir, la luxure sont au cœur de ses meurtres
- Le visionnaire : il tue sous l'effet de vision ou de voix qui lui ordonnent de commettre un meurtre
La personnalité du tueur en série
Il souffre souvent de troubles de la personnalité anti-sociale avec une carence affective importante durant l'enfance et des problématiques sociales et économiques qui vont venir se greffer durant ou par la suite.
Ainsi, le tueur psychopathe est une personne agressive, insouciante, qui ne ressent pas le remord, qui n'a pas peur et peut se montrer cruel.
Il agit sous le coup de ses impulsions et de ses envies immédiates.
On peut définir ce genre de tueur comme étant des psychopathes mixtes.
Certains pourront ressentir des remords, être en proie à des troubles émotionnels et faire des actes répétitifs mais ils auront souvent une attitude d'imitation aux stimuli des sentiments que les autres leur renvoient : amour, tendresse, anxiété, ce qui les rend très difficilement détectables.
Le tueur en série dépersonnalise, instrumentalise et chosifie sa victime, ce qui lui permet de tuer sans ressentir la moindre émotion pour l'être humain qui est face à lui.
Il perçoit sa victime comme une personne insignifiante, un être inanimé, un objet ou il peut lui apposer une identification qu'il choisira lui-même, opérant son clivage qui pourra s'accentuer au fil des meurtres.
En guise de conclusion
Certains tueurs en série sont de grands manipulateurs, d'autres se montrent particulièrement sadiques. D'autres encore se prennent pour des sauveurs altruistes réalisant une mission.
Si l'on peut donner des caractéristiques aux tueurs en série, certains peuvent naviguer d'une catégorie à l'autre, rendant leur identification plus difficile que ce soit dans leur manière d'appréhender leurs meurtres, leur psychologie, le passage à l'acte et l'après passage à l’acte.
Malgré nombre d’efforts pour tenter de dresser la définition, la typologie, l’épidémiologie, la clinique et certains aspects psychopathologiques des tueurs en série, un consensus universel semble pour le moins complexe.