Lorsque l’on est triste, joyeux ou en colère, il arrive que l’on mange ses émotions. La culpabilisation peut rapidement prendre le pas alors qu’il s’agit d’un acte ordinaire. De fait, on peut manger ses émotions quand elles sont ressenties de façon désagréable : tristesse, colère ou bien stress. Dans ces cas-là, on mange parce qu’on ne se sent pas bien. C’est un mécanisme tout à fait normal parce que la nourriture nous apporte du plaisir. Manger peut se traduire comme une lutte pour contrecarrer ces émotions désagréables.
Peut-on arrêter de manger ses émotions ?
« Manger ses émotions » est la formule utilisée pour décrire toutes les fois où vous mangez lorsque vous vous sentez submergé. Dans ce cas de compulsion alimentaire émotionnelle (également appelée hyperphagie), la nourriture sert de substitut à la satisfaction. Il n’est pas toujours facile de se débarrasser de cette mauvaise habitude qui est de manger sans avoir faim. Malheureusement, pour éviter le grignotage compulsif, il ne suffit pas de changer votre consommation de nourriture. Découvrez les différents types de pulsions alimentaires.
Un besoin primaire
La raison pour laquelle c’est aussi difficile de maîtriser notre manière de nous alimenter, c’est qu’il s’agit d’un besoin primaire. Dans la pyramide de Maslow, manger est un besoin vital qui fait appel à notre cerveau reptilien et donc à des mécanismes automatiques inconscients qui sont là pour assurer notre survie. Cela explique pourquoi nous avons tant de mal à contrôler nos pulsions.
Le ventre : notre deuxième cerveau
De plus, le ventre a sa propre intelligence tout comme le cerveau (l’intelligence cérébrale) ainsi que le cœur (l’intelligence émotionnelle). Notre système digestif échange en continu des informations avec notre système cérébral pour assurer le bon fonctionnement de notre corps. Les organes vitaux de notre système digestif contribuent pleinement au bon maintien de notre santé tant sur le plan physique, émotionnel et mental.
On comprend alors que des troubles intestinaux puissent avoir un impact sur nos émotions et nos pensées d’où l’importance de manger sainement afin d’en limiter les conséquences néfastes.
Les pulsions alimentaires anti-stress
Le stress impacte inévitablement le comportement alimentaire de chacun. Alors que certaines personnes ont tendance à manger moins lorsqu’elles sont stressées, d’autres mangent en plus grosses quantités et ont toujours envie de manger. Pour certains, la consommation excessive de nourriture et le stress vont de pair. Le stress peut être à l'origine de vos difficultés.
La compulsion alimentaire par frustration
Les émotions ont une grande influence sur notre comportement alimentaire. Elles peuvent contrôler les choix alimentaires, la quantité de nourriture que nous mangeons ou même la fréquence à laquelle nous mangeons. Il est scientifiquement prouvé que l’augmentation de la consommation alimentaire fait suite à une humeur négative telle que la frustration, la douleur ou la colère. Il est important de prendre conscience de la raison pour laquelle vous mangez sans faim et comment gérer différemment les émotions négatives.
La nourriture comme récompense
Vous avez obtenu une promotion ou avez finalement atteint un objectif. Vous vous récompensez avec de la nourriture. Bien sûr, de temps en temps, vous pouvez avoir un repas de récompense comme celui-ci. Cependant, il faut veiller à ce que la nourriture-récompense ne devienne pas une pulsion alimentaire incontrôlable. Ainsi, quand on mange ses émotions et que l’on fait des crises, on ferait tout pour mettre fin à ce comportement le plus vite possible. La nourriture est un sujet complexe et intimement lié à nos émotions et de nombreuses personnes l’utilisent pour faire face aux difficultés de la vie.
Vous mangez pour vous récompenser ou pour vous réconforter ? Vous mangez des sucreries quand vous vous sentez mal dans votre peau ? Ou pour apaiser le stress, la solitude ou l’ennui ?
Si vous mangez pour réguler vos émotions, vous souffrez d’alimentation émotionnelle. Si vous avez l’impression de n’avoir aucun contrôle sur le volume, la vitesse et la durée de vos prises alimentaires, vous souffrez de compulsions alimentaires.
En plus d’apprendre à mieux reconnaître et gérer vos émotions, vous pouvez opérer un certain nombre de changements comportementaux qui vous aideront à prévenir et à mettre fin à ce comportement indésirable.
Apprendre à gérer ses émotions en quatre étapes
- Accueillir ses émotions. Par exemple, cette fois je ressens de la colère, ici de la joie, là du stress.
- Accepter l’émotion ressentie. Les émotions sont utiles pour savoir ce que nous traversons et ressentons.
- Analyser l’émotion. Qu’est-ce qui provoque cette émotion ? Ce travail peut être tenu sur papier, dans un petit journal pour ainsi poser ses émotions, les accueillir et les vivre.
- Eviter de s’identifier. Si nous sommes très en colère, cela ne veut pas dire que nous sommes une personne colérique ou aigrie, cet état passager ne nous définit pas. Les émotions sont comme des nuages, ils viennent puis se dissipent.
Les sept clés pour ne plus manger ses émotions
Clé n° 1 : Adoptez des habitudes alimentaires saines
Chacun lutte d’une manière ou d’une autre avec des pulsions qui ne nous font pas toujours du bien. Par exemple, certains mangent régulièrement dans des fast-foods, ingèrent des aliments peu nutritifs, trop sucrés ou salés. D’autres cherchent à se libérer de certaines addictions comme l’alcool ou les sucreries. Et puis, il y a ceux qui veulent améliorer la qualité de leur alimentation en mangeant plus de légumes et de fruits bio, en arrêtant de manger du gluten.
En règle générale, les personnes qui ont l’habitude de manger leurs émotions ont des habitudes alimentaires très irrégulières. Plus elles se sentent mal dans leur peau, plus leurs prises alimentaires sont mouvantes et leur alimentation déséquilibrée. Ce qui en soi a un impact significatif sur leur niveau d’énergie et leur humeur. Mettre en place une routine saine vous permettra de créer un point d’ancrage.
Vous l’avez compris, nous avons tous à notre niveau des efforts à fournir pour équilibrer notre relation à la nourriture. De cette manière, nous pourrons nous sentir mieux dans notre corps et dans notre esprit. Évitez les tentations et privilégiez les aliments sains et nourrissants.
Clé n° 2 : Respectez vos besoins
Sauter des repas par culpabilité ou par peur de manger aggrave souvent la situation. Lorsque l’on a faim, on est encore plus susceptible de perdre le contrôle de son comportement alimentaire et de manger ses émotions. Sans compter que sauter des repas ralentit le métabolisme, nuit aux capacités de concentration, provoque des étourdissements, favorise la prise de poids. Bref, à éviter. En outre, privations rime avec frustration.
Clé n° 3 : Planifiez vos repas
Instaurer une routine dans votre comportement alimentaire et maintenir des habitudes alimentaires régulières est l’un des moyens les plus efficaces pour prévenir les crises. Vous habituez ainsi votre corps à s’attendre à tels aliments, en telles quantités et à tel moment. Au début, cette approche pourrait vous sembler un peu forcée, cependant vous ne tarderez pas à en constater les bienfaits.
Après avoir installé une routine alimentaire quotidienne, vous pouvez aller plus loin en planifiant vos repas à l’avance. Choisissez un programme alimentaire ou un menu hebdomadaire sain, appétissant et réaliste. Comprenez votre comportement et adoptez la façon d’y faire face la plus adaptée pour vous. Apprenez à reconnaître vos déclencheurs afin d’éviter les excès.
Clé n° 4 : Soyez à votre écoute
Avant de prendre un aliment réconfort, réfléchissez un instant à la raison pour laquelle vous souhaitez le manger maintenant. S’arrêter et faire le point sur vos sentiments aide à comprendre si vous avez faim ou si quelque chose se cache derrière cette envie soudaine de manger. Manger en étant attentif signifie ne pas se laisser distraire et percevoir la nourriture avec tous vos sens. Les pensées et les sentiments doivent être exclusivement situés dans l’instant présent.
Clé n° 5 : Trouvez des solutions alternatives
Si vous mangez par ennui et que vous vous récompensez avec de la nourriture, recherchez d’autres options non alimentaires. Choisissez des activités qui vous donnent du plaisir et vous rendent heureux. Gardez votre cerveau occupé avec des choses positives afin de ne pas penser à la nourriture. Si vous voulez vous récompenser, trouvez des alternatives comme un soin ou une promenade dans la nature et profitez-en.
Élargissez votre champ des possibles et donnez plus de sens à votre vie. Bougez davantage : l’exercice réduit le stress et améliore l’humeur. Intégrez du sport et de l’exercice à votre routine vous aidera à éviter les tentations et à arrêter de manger vos émotions. Enfin, le sommeil fait partie intégrante d’un mode de vie sain. Il joue un grand rôle dans la façon dont nous gérons les émotions et résolvons les difficultés.
Clé n° 6 : Mangez en pleine conscience
Cette habitude vous apprendra à écouter votre corps et à reconnaître le signal que vous n’avez plus faim. Cela vous permettra de manger de manière plus saine et plus satisfaisante. Manger en pleine conscience permet de porter une attention plus grande à ce que l’on mange, d’être en totale connexion avec nos sens : vue, odorat, ouïe, toucher et goût.
Entraînez-vous à manger consciemment, bouchée par bouchée. Ralentissez chaque étape autant que possible pour avoir le temps d’apprécier le goût des aliments et de prendre du plaisir à manger. Cela apprendra à votre corps à réagir correctement et à accueillir toutes les saveurs de l’instant présent.
Clé n° 7 : Pansez vos blessures
Se reconnecter à son corps est une étape essentielle qui vous permettra de manger plus sainement. Toutefois, ceci doit être accompagné d’un travail sur soi pour mettre en lumière ce qui vous pousse à manger ainsi. Il est donc nécessaire d’accepter des expériences de vie « non digérées » pour mieux s’en libérer. Cela touchera à la racine de vos blessures, au cœur de votre vulnérabilité. Enfin, recherchez un soutien et demandez de l’aide si nécessaire auprès d’un professionnel pour vous accompagner.
En guise de conclusion
La société dans laquelle nous vivons nous pousse continuellement à vivre dans notre mental plutôt que dans notre corps. Manger sainement est donc un véritable apprentissage de tous les jours. Des efforts soutenus sont donc nécessaires pour recréer un lien de confiance avec soi et son corps pour retrouver son équilibre alimentaire.
Ainsi, pour arrêter de manger ses émotions, il est essentiel de s’attaquer aux raisons sous-jacentes et aux facteurs déclencheurs. Cette écoute des besoins et des limites de votre corps vous aidera à vous nourrir autrement.
La méthode la plus efficace pour instaurer un changement comportemental consiste à mettre en place une routine saine et à adopter un programme alimentaire réaliste et appétissant. Celle-ci assurera une plus grande prévisibilité et vous aidera à surmonter les caps difficiles.
De cette manière, vous passerez progressivement d’une alimentation émotionnelle à une alimentation plus saine.